Il s’agit de sociologie, d’anthropologie, d’ethnicité, de psychologie, d’économie du développement et de politique. La couleur de peau — difficile à nommer dans nos sociétés politiquement correctes — est au Brésil un marqueur social bien établi, discriminatoire, et …nommable. Elle est collectée dans les statistiques locales depuis 1872. Du « blanc » au « noir » existent plus de 100 vocables au quotidien qui décrivent, appellent ou marquent les individus. Les inégalités de salaire, de niveau d’éducation, etc. sont régulièrement importantes selon la couleur de peau au Brésil. Et selon les contextes et/ou les personnes, la couleur d’une même troisième personne sera nommée différemment — par exemple plus claire (que la personne se nomme elle-même), pour lui témoigner une forme de respect… (ce que certains qualifient de « racisme cordial »!) Notre invitée Stéphanie Cassilde explique ses recherches sur le terrain, leurs multiples significations, et les subtilités psychosociologiques de la stratification de la société brésilienne qu’elle a modélisées. Car, comme elle l’écrit dans sa thèse, l’interaction entre les choix rationnels (les déclarations) et le langage (support des déclarations) souligne leur dimension de représentations construites plutôt que d’une description qui serait objective et basée sur la matérialité physique des individus. La couleur de peau, qui se vit socialement, ethniquement, économiquement, culturellement, politiquement et intimement, reste un sujet …touchy.
Invitée : Stéphanie CASSILDE, Dr en économie du développement à Clermont-Ferrand 1, sociologue (qualifiée Section 19), basée à Charleroi et Research Scholar au Ronin Institute of Independent Research et présidente du Comité de Recherche 25 « Langage et Société » de l’Association Internationale de Sociologie.