En étudiant le trypanosome, parasite-vecteur de la maladie du sommeil, les chercheurs de l’équipe de Luc VANHAMME se sont rendu compte qu’il existe un mécanisme garantissant la stabilité de la population dudit au sein de l’organisme qu’il parasite. Certains trypanosomes « se suicident ». Cette « gestion » de la population assure que l’hôte reste vivant, ce qui est excellent pour la survie du trypanosome. Voilà un premier mécanisme de mort cellulaire programmée.
Le développement embryonnaire des mains passe par une phase bourgeon « palmée » ou « pagaie », sans doigts. Ensuite, les cellules de cette palme situées entre ce qui va devenir les doigts ne se reproduisent plus et disparaissent. Donc dans l’embryogenèse de la main, ce ne sont pas les doigts qui poussent, mais les non-doigts qui meurent par mort cellulaire programmée. Cette dernière agit ici comme sculptrice du vivant en construction. Et c’est un principe général dans l’embryogenèse.
Lors de certaines infections, les cellules atteintes meurent, se suicident littéralement, par l’action d’un programme génétique interne et sans attendre les effets mortels provoqués par l’infection elle-même. Dès lors les macrophages de l’hôte peuvent intervenir et évacuer les débris de la cellule ainsi que les envahisseurs qui s’y étaient cachés ! Ceci protège les cellules saines environnantes d’une propagation de l’infection.
Enfin, l’homéostasie nécessaire au maintien des fonctions de la vie est assurée également par mort cellulaire. Exemple : au cours de la digestion qui est un processus assez violent vis-à-vis des protéines présentes, de nombreuses cellules de l’intestin sont « accidentées » ; celles-ci se « suicident » en grand nombre et sont remplacées par de nouvelles, fraîches, prêtes à assurer la continuité de la fonction. De même pour notre peau, sans cesse renouvelée. Ce phénomène est largement présent dans le règne vivant, et actif.
Les mécanismes moléculaires commencent à être connus et ont pour nom générique l’apoptose…
En prenant du recul, cela semble assez logique : toute voiture a besoin d’un système de freinage, tout système dynamique doit pouvoir s’ajuster aux circonstances de son évolution.
Ces systèmes, mis en place tout au long de l’Évolution et depuis très longtemps ont donc une utilité positive, ce sont des outils au service de la vie et de son développement.
Invité : Luc VANHAMME, directeur de recherches FNRS, chargé de cours ULB et prof de parasitologie moléculaire