En cette journée mondiale du sida, nous faisons le point de la situation.
Les progrès ont endormi nos vigilences et l’épidémie lente a repris. On dénombre trois nouveaux cas par jour ; il demeure important de se protéger quand on sort.
Carine VAN LINT est virologue, spécialiste du HIV. Elle nous détaille ses grandes pistes de recherches fondamentales à visées thérapeutiques — ce n’est pas contradictoire : il s’agit de comprendre dans les détails le cycle du virus (recherche fondamentale), pour trouver ses points faibles, et bloquer certains de ses mécanismes (recherche appliquée).
Certes, de grands progrès ont été fait depuis la mise au point de l’AZT, premier « inhibiteur de la transcriptase inverse » (l’AZT empêche le virus de transcrire son génôme ARN en ADN, dès lors celui-ci ne peut plus s’intégrer au noyau de la cellule hôte, il erre sans activité).
Mais il existe des « réservoirs » de virus latents : il se sont intégrés au génôme de la cellule hôte et ne s’expriment pas. Tant que la la tri-thérapie est maintenue, il y a statut quo. Mais lorsque le traitement est arrêté, ces virus dormants se réveillent !
La question devient donc
— comment maintenir les réservoirs latents absolument,
— ou comment les réveiller sur commande pour pouvoir les repérer et les éliminer.
C’est ici qu’on entre dans la fine régulation génétique où intervient l’épigénétique, soit l’ensemble des fonctions biochimiques liées au stockage des gènes, aux systèmes d’enroulement des gènes au sein du noyau. Des réactions enzymatiques « épigénétiques » gouvernent l’expression de ces gênes dormants, tributaires de réactions enzymatiques qui sont autant de points d’attaques pour des inhibiteurs ou des activateurs…
Invitée : Carine VAN LINT, virologue FNRS-ULB