Que sait-on des publics de musées d’art moderne et contemporain ? Il s’agit, pour la plupart, de personnes dotées d’un haut niveau d’éducation, participant de l’élite culturelle. C’est l’image que les enquêtes de participation culturelle continuent à juste titre de véhiculer. L’établissement des profils de visiteurs s’est jusqu’à présent focalisé pour l’essentiel sur les données sociodémographiques pour expliquer leurs motivations, attentes et usages du musée. Bien qu’intéressante, cette perspective conçoit trop la participation culturelle comme le simple produit des catégories sociales instruites et surtout, masque d’autres formes de diversité au sein des publics. Elle informe peu sur qui ils sont, au-delà de leur statut, et pourquoi ils visitent. Cela montre que la démocratisation culturelle n’a pas eu lieu mais doit-on en déduire pour autant que les publics forment une masse indifférenciée et homogène de « snobs » marqués par un rapport précis à la culture ?
Sur la base d’une enquête réalisée au sein de six musées d’art moderne et contemporain en Belgique, cet ouvrage montre qu’il existe une réelle hétérogénéité en termes de goûts et de pratiques culturels parmi les visiteurs, qui ne se réduit pas directement à la position sociale et au niveau d’instruction. Etudier cette diversité culturelle permet de comprendre ce que la visite au musée représente dans la vie quotidienne des gens et dans quelle mesure elle reflète un choix en termes de style de vie.
Invitée: Laurie Hanquinet est docteur en Sciences sociales et politiques (Université libre de Bruxelles) et Lecturer au Département de sociologie de l’Université de York (Grande-Bretagne). Ses recherches sociologiques se concentrent, entre autres, sur la participation culturelle, les inégalités sociales liées à la culture et les méthodes en sciences sociales.