Avec Bains publics, Sophie Richelle propose un double récit. Celui de l’histoire des bains communaux, compris comme les endroits où il était possible de se laver en dehors de chez soi à moindre coût aux XIX e et XX e siècles. Et celui de la quête historienne en train d’être menée.
Invitée : Sophie Richelle est docteure en histoire de l’Université du Luxembourg et collaboratrice scientifique, MMC, monde moderne et contemporain. Ses recherches croisent les notions d’espaces et d’expériences du passé. De l’asile de folles aux hospices de vieux, elle poursuit aujourd’hui ses questionnements avec les bains publics à l’Université libre de Bruxelles.
Bains publics. Se laver en ville (1850-2000), Édition de l’université de Bruxelles, collection Maison des Sciences Humaines.
«J’assistais, sans le comprendre vraiment et dans notre propre maison, à la préparation de l’indépendance du Congo.»
Clémentine a 16 ans en 1960 quand son pays devient indépendant. Aujourd’hui, Mathilde, sa petite-fille belge, l’interroge sur son enfance congolaise. Elle découvre que sa grand-mère avait entrepris la même démarche 60 ans plus tôt, en questionnant ses parents à l’aide d’un petit enregistreur à cassette, l’un des premiers au Congo à l’époque. «Tu raconteras à mes petits-enfants ce que je te raconte aujourd’hui», dit la mère de Clémentine, sur l’une des cassettes… Avec mes micros, j’ai suivi Mathilde chez sa grand-mère. Une immersion dans une histoire familiale, mais aussi dans la grande Histoire du Congo.
Ce documentaire est une immersion dans l’intimité d’une famille congolaise, à travers plusieurs générations. C’est via le point de vue, à la fois naïf et acéré, de Mathilde que j’embarque l’auditeur. Mathilde est née en 1999 en Belgique et n’est jamais allée en République démocratique du Congo. Étudiante en BD à Saint-Luc à Bruxelles, elle est solaire, spontanée et curieuse. Un jour, elle réalise que Clémentine Faïk-Nzuji, cette grand-mère chez qui elle passe tant de temps à Louvain-la-Neuve, a vécu dans un tout autre espace-temps. «Je voulais des histoires drôles, des bêtises de son enfance… Et tout à coup, tu réalises que les gens qui t’entourent sont des livres ouverts.»
Avec Mathilde, puis son petit frère Victor qui nous a rejointes en cours de route, je collecte les précieux souvenirs de celle qui est aujourd’hui devenue une écrivaine reconnue et la première femme noire à enseigner à l’université en Belgique. À ses souvenirs font écho ceux de ses propres parents, qu’elle enregistrait quand elle était jeune et qu’elle a consignés dans un livre. Ainsi que des archives officielles. Un dialogue entre histoires familiale et nationale.
Au fil des questionnements de Mathilde et Victor, Clémentine nous emmène dans son enfance et sa scolarité dans les missions catholiques de la colonie. Elle évoque ensuite la ségrégation et la façon dont sa famille a vécu avec le statut d’«évolué». Elle nous plonge enfin dans cette effervescence politique autour de l’indépendance, les négociations dans son salon, le rôle de son père, les troubles, la fuite, l’emprisonnement… La mémoire de Norbert, un parent de Clémentine également témoin des événements, vient compléter ce pan de récit qu’elle veut éviter de trop remuer. «C’est une manière de vivre que je raconte, pas une politique. Si je le raconte, c’est pour que ça ne puisse pas revenir, mais pas pour aller réveiller des souffrances. Je n’approuve pas cette mentalité de ceux qui veulent culpabiliser ou se déculpabiliser.» À sa façon, cette histoire familiale contribue à restaurer du récit là où il fait défaut et à donner à voir l’histoire congolaise par les yeux de Congolais.
DURÉE 51 minutes
DIFFUSION Radio Campus le 19 juin à 16h
CRÉDITS Ecriture et réalisation > Viviane de Laveleye Prise de son > Viviane de Laveleye et Céline Lemoine Musique > Leopoldo Profili Montage > Yves Robic et Viviane de Laveleye Mixage > Yvan Hanon Production > Sioux productions Avec Clémentine Faïk-Nzuji, Mathilde et Victor Pirotte et Norbert Katanga ainsi que les archives de la Sonuma et des extraits du livre Si le Congo m’étais conté de Clémentine Faïk- Nzuji. Avec le soutien de l’ACSR et du Fonds d’aide à la création radiophonique en Fédération Wallonie-Bruxelles.
KENJI KAWAI – Making Of Cyborg *DUO KANADE – Hô Shun
Samedi 24 et dimanche 25 juin (@Bunker/La Petite fanzinothèque belge) FESTIVAL – L’Île aux fanzines
*WAGAKKI BAND – Nadeshiko Sakura YIN YIN – Sùi Yè *THE LITTLE SHADOWS – Time For Peace *MARTINA TOPLEY-BIRD – Too Tough To Die *SIOUXSIE AND THE BANSHEES – Speelbound
Les Archives des Conseils Solvay entrent au Registre international du patrimoine mondial de l’UNESCO « Mémoire du monde ».
Cette inscription est une reconnaissance de la valeur universelle exceptionnelle de ces documents pour l’humanité et de l’importance de la préservation de ces archives pour les générations futures. Patrimoine mémoriel inestimable, cette collection d’archives témoigne de l’histoire de la physique et de la chimie au XXe siècle, ainsi que de l’évolution de la recherche scientifique internationale.
Invités : le professeur d’histoire contemporaine Kenneth Bertrams, collaborateur du projet et l’archiviste de l’ULB et Renaud Bardez, coordinateur principal de la candidature et responsable du Service des archives, patrimoine et collections spéciales de l’ULB.