Alexandre intervieVVe, émission spéciale.
Élisa Brune, romancière et journaliste scientifique était venue plusieurs fois au micro d’Alexandre Vaïnberg.
Elle est décédée le 29 novembre des suites d’une longue maladie.
Elle a publié de nombreux livres, dont plusieurs enquêtes sur la sexualité et les recherches scientifiques à ce propos.
Sa biblio complète sur son site: http://www.elisabrune.com/home
Nous rediffusons l’interview qu’elle avait accordée à Alexandre le 8 mai 2012.
Première partie ce vendredi 21 décembre; deuxième partie le vendredi 11 janvier, même heure, même antenne.
LA RÉVOLUTION DU PLAISIR FÉMININ
avec: Élisa BRUNE, journaliste scientifique et romancière, auteur du livre « La révolution du plaisir féminin — sexualité et orgasme » (Odile Jacob)
diffusions: Partie I (20’) : ce vendredi 21 déc vers 08h30, partie II (25’) : vendredi 11 janvier vers 08h30.
Notre invitée poursuit sa recherche sur la sexualité et le plaisir. Après « le Secret des femmes », elle s’est livrée à une vaste enquête sur les derniers acquis de la science, sur les pratiques de plaisir contemporaines racontées par les femmes, et sur les nouvelles approches thérapeutiques des troubles du plaisir.
Il en ressort une multitude de découvertes. Le plaisir féminin étant indépendant de la procréation (contrairement à ce qui se passe le plus souvent chez l’homme), il a été peu étudié par l’institution scientifique. De plus, il est d’une telle variabilité que son étude s’avère difficile. Cette variabilité se comprend d’un point de vue évolutif : sans pression sélective, il a pris toutes les formes, y compris structurelles. Ainsi, tout n’a pas encore été décrit des réseaux neuronaux liés au plaisir féminin!
Les vieux débats comme l’existence ou non du point G, ou comme la nature clitoridienne ou vaginale du plaisir féminin s’éclairent depuis que la structure profonde du clitoris a été complètement décrite par une américaine en …1998! L’acception courante du clito (le petit bouton, le « gland ») n’est en fait que la partie émergée de l’iceberg si l’on peut dire. Le clitoris est une structure sensible qui « chevauche » le vagin, innervée, qui est érectile et qui peut être stimulée de l’extérieur et/ou de l’intérieur (le « point » G). Mais les budgets manquent pour ces recherches, et la carrière des chercheurs/euses en pâtit.
Mais l’exploration du plaisir n’attend pas la science ! Avec conscience, des hommes et des femmes explorent, inventent… Des pratiques parfois rapidement jugées comme « déviantes » (sex-toys, échangisme, amours plurielles, sado-masochisme, etc.) se révèlent en fait des constructions nuancées et réfléchies, compréhensibles dans le cadre d’une recherche personnelle sensitive et relationnelle.
Enfin, pour ce qui est de soigner son prochain, les thérapies verbales, quoique utiles, peuvent gagner à être complétées par des approches pratiques. Un exemple : aux États-Unis sont apparus de nouveaux métiers, les « substituts sexuels » dûment certifiés. Par ces nouvelles approches, très cadrées, les femmes en demande peuvent explorer leur corps, leurs sensations et l’acte sexuel en toute sécurité, hors d’une relation affective (qui peut parfois se révéler bloquante). Où il se révèle que la (mauvaise) éducation est le principal obstacle à une sexualité heureuse et paisible. L’auto-érotisme — fortement réprimé dans notre histoire catholique — est en réalité un « chemin structurant » pour tout individu, il l’aide à connaître son corps et à constituer les structures sensori-motrices (réseaux nerveux) du plaisir. Beaucoup de problèmes d’adultes sont reliés à la culpabilisation des plaisirs des sens en général et du sexe en particulier.
Rien de prescriptif néanmoins dans cette enquête: chacun est libre, en conscience, de vivre ce qu’il a à vivre à tel moment de sa vie. Les maître-mots d’Élisa Brune sont la liberté, le non-jugement, et le respect de chacun dans son chemin personnel.
https://www.mixcloud.com/radiocampusbruxelles/alexandre-interviewe-11012019-elisa-brune-partie-2/