Pour ne plus taire est un cycle de trois pièces sonores composé par Aude Rabillon entre 2019 et 2023, suite au mouvement #Metoo. Elle creuse à faire surgir les silences et les non dits autour des injonctions sexistes et des violences sexuelles et patriarcales que l’on incorpore.
S’en faire chambre d’échos, en amplifiant les paroles non entendues et enfouies.
Retourner le geste : faire de ce que nous subissons une force pour avancer, une puissance pour agir. Pour ne plus taire.
A l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination des violences à l’encontre des femmes et minorités de genre, nous avons choisi de diffuser 2 des 3 pièces de ce cyle. Nous vous invitons à découvrir la troisième et les autres travaux de Aude Rabillon par ici : Site / Soundcloud / bandcamp
Pour ne plus taire les jours où
Parole à voix nue et ses résonances, 24min53 – pièce composée pour le disque « Terre de feu », revue Jef Klak, 2021
Première pièce du cycle Pour ne plus taire
L. s’est emparée du dispositif d’écoute et d’enregistrement que lui a tendu Aude Rabillon pour penser, énoncer, l’inceste qu’elle a subi. Elle perce les couches de silences et fait entendre la violence qui se propage en elle, et qui nous est impartie.
je te raconte / le jour où
pour ne plus taire / les jours où
pour tenir haut la tête / enfin
j’enregistre
les traces / dans tes silences
de nos silences / qui restent
dans nos corps / de femmes
pour ne plus taire / les jours où
C’est. Et tu n’entends pas comme c’est
21min28, 2021
Cette seconde pièce du cycle « Pour ne plus taire » est une mise en résonance directe de la première. Elle se fait chambre d’échos. Chambre d’échos de la prise de parole de L., énonçant l’inceste qu’elle a subi, mais aussi de toutes celles qui disent les violences sexuelles et sexistes subies. Les écouter engendrent un puissant mouvement introspectif et une force agissante pour reprendre pouvoir : faire entendre les strates de silences accumulées depuis des décennies, les creuser jusqu’à ce qu’elles percent pour laisser jaillir nos colères enfouies.
Je marche sur des sentiers battus
C’est plein.
Plein de vide et de mots non dits.
C’est là.
Et tu n’entends pas comme c’est.