» Un monde intérieur » de Caroline Fontana
Ce documentaire sonore offre un regard sensible sur une approche encore peu connue en France et dans les pays francophones. L’auteure, Caroline Fontana, nous invite au cœur de l’expérience de la Méthode Rosen. Fidèle à la nature de ce travail, le documentaire adopte une ambiance intime.
Prises de son : février-août 2019
Réalisation et montage : Caroline Fontana
Mixage : Bernard Fort
Production : La bande sonore. l’APPMRF à travers les donateurs du Crownfunding.
Avec : Sophia Segal, Thierry François, Irma Benarosh, Nadia Froidevaux, la voix de Marion Rosen traduite par Anne Marie Paris, Françoise Biolley, Hurthey Baker, les élèves internes de l’atelier de Paris, les élèves de l’atelier de Bienne, les élèves musiciens du CAEM de Dieulefit, les élèves de l’atelier de Mouvement de Crest.
La musique interprétée en atelier est de Benoit Black et Didier Alix.
« Le toucher, comme une épée, va droit au cœur de l’armure » disait Marion Rosen, née en 1914 à Nuremberg, élève dans les années 30 à Munich de Lucie Heyer, thérapeute corporelle proche de Jung. Elle s’est formée à la kinésithérapie en suède avant de s’exiler en Californie. Elle a alors 24 ans et développe tout au long de sa vie une méthode thérapeutique fondée sur l’écoute du corps qui propose un accès à l’inconscient par le toucher.
« Dans le Rosen, on touche les gens ». Le praticien Rosen pose ses mains sur le corps du patient au repos. Les mains offrent une présence, elles sont presque immobiles, elles écoutent, longuement, ce que le corps retient, les zones de tension, la qualité de la respiration, inspir, expir, comme les indicateurs du mouvement de la vie. Le praticien rencontre le patient là où le corps est retenu, ses mains s’attardent sur les barrières, les zones fermées, il devient un allié pour faire face aux blessures, aux blocages associés à des situations passées, quelquefois oubliées. La pratique conduit celui qui reçoit à cheminer à travers une écoute intérieure, vers lui-même.
C’est la simplicité de cette pratique qui m’a tout de suite interpellée. L’évidence et en même temps la puissance d’un simple contact corporel, un toucher empreint d’empathie qui offre à l’autre une présence. Le Rosen fait partie de ces pratiques difficiles à traduire à l’attention de ceux qui n’en ont pas fait l’expérience, qui ne l’ont pas éprouvée dans leur propre corps. Mon objectif était de l’approcher avec les outils du récit sonore qui me semblaient particulièrement appropriés : à travers les voix des praticiens, et les mots murmurés dans l’intimité de cette pratique, pour en restituer une atmosphère. Je me suis donc appuyée sur les témoignages de praticiens et d’enseignants, qui tous ont eu un long parcours personnel dans le Rosen, pour pouvoir le transmettre à leur tour, et aussi sur des enregistrements de séances de travail corporel, de temps d’enseignement, et d’ateliers de mouvement corporel.
Ce travail répondait à une attente de praticiens Rosen de bénéficier de regards et d’outils pour communiquer sur leur travail de façon sensible. C’est grâce à leur soutien que ce travail a été possible. Caroline Fontana
A propos de Caroline Fontana
Formée à l’ethnologie et à l’anthropologie visuelle, je me suis intéressée très tôt dans mes études aux techniques du corps, sur le terrain des fêtes rave, puis sur celui de la Hadra soufie.
J’ai ensuite travaillé sur l’ethnographie des usages de psychotropes, pour différents organismes de recherche et de réduction des risques. A partir de 2003, mon travail est devenu plus hybride. J’ai mis les outils de l’ethnologie au service de projets artistiques et culturels, en collaboration avec l’association Khiasma. J’ai travaillé sur le récit de vie et en particulier sur une collection d’ouvrages : la collection Limitrophe, ouvrages illustrés sur les frontières et les migrations contemporaines, dont chacun s’appuie sur une histoire vécue. En 2004, un stage de formation avec Kaye Mortley m’a permis de m’initier à l’écriture sonore et, Depuis 2010 je vis dans la Drôme et je réalise des documentaires sonores, pour la radio ou encore pour la valorisation et la diffusion d’enquêtes ethnographiques, et des objets multimédias. Vivant dans une région très préservée du point de vue de ses espaces naturels, j’ai beaucoup travaillé sur la relation des hommes au sauvage et sur les mutations de l’agriculture sur les territoires de moyenne montagne. Depuis quelques années, je suis revenue sur la question du corps à travers différents projets sur les pratiques de danses de bal qui sont ici très vivantes.
J’ai participé en 2012 à la création de l’association La bande sonore, à Die, dont l’objectif est de promouvoir la création sonore sous toutes ses formes, dans les domaines des sciences humaines, de la création radiophonique, du cinéma, de la photographie ou encore du spectacle vivant.
Un documentaire proposé par l’association La bande sonore et l’APPMRF, association professionnelle des praticiens de la Méthode Rosen France.