Chacune de nos cellules possède tout le stock de gènes. Mais tous ne s’y « expriment » pas, raison pour laquelle nous possédons des tissus aussi différents que la peau, les neurones, les muscles, le foie…
Ce « devenir » dirigé de nos cellules (toutes issues de l’ovule fécondé par le spermatozoïde) au cours de leurs divisions successives pour former l’organisme est la conséquence de la régulation de l’expression des gènes.
Différents systèmes de régulations ont été découverts, certains autonomes, d’autres en « réponse » à l’environnement. Il existe ainsi des marquages des gènes (des « tags ») indiquant s’ils vont s’exprimer ou pas ; ce sont souvent des radiocaux méthyl (-CH3), mais on en découvre tous les jours. Il en existe ainsi toute une panoplies aux nombreuses possibilités combinatoires (1 milliard chez l’Homme !). Ces tags peuvent aussi marquer les histones (les protéines d’empaquetage des gènes). Ils n’affectent pas le message porté par le gène, (la succession de ses nucléotides AATGCCGT…)
Encore plus fort, on vient de découvrir qu’il existe une épigénétique des ARN messagers, elle aussi aux nombreuses possibilités…
Fait extraordinaire : certaines de ces modifications épigénétiques sont transmissibles à la descendance ; de plus en plus d’expériences chez divers animaux et d’observations chez les humains en attestent. Autrement dit, contrairement à ce que nous avons appris à l’école, des caractères acquis deviennent héréditaires !!! Darwin avait raison, …mais Lamarck aussi ! Le voilà le changement de paradigme. Des avenues viennent de s’ouvrir et les chercheurs s’y précipitent…
La relation entre les phénomènes épigénétiques et le cancer est immédiate : le cancer est le résultat d’une dé-régulation des gènes, puisque la cellule se divise alors qu’elle ne le devrait pas (ses gènes qui s’expriment ne sont pas ceux qui le devraient). Ceci offre des pistes diagnostiques et thérapeutiques nouvelles et très prometteuses, en particulier avec les gènes dits « suppresseurs » de cancers.
Un nouveau centre fédérant toutes les recherches sur le cancer menées à l’ULB vient de se créer : l’ULB-Cancer Research Centre (U-CRC). François FUKS en est le directeur. Transdisciplinarité, mise en commun des outils de recherches, masse critique, émulation… Ce premier juillet se tient au Musée de la médecine (campus d’Érasme) le symposium d’ouverture de ce centre (U-CRC) ; une douzaine d’exposés y seront donnés sur l’état des recherches.
Invité : François FUKS, prof ULB, directeur du Labo d’Épigénétique du Cancer, et directeur du nouveau Centre de Recherches de l’ULB sur le Cancer, l’ U-CRC.