home Contactez nous rss feed Accès Membres
La radio de la communauté de l'Université Libre de Bruxelles

Histoire de Savoir – Sciences Exactes – 16/06/15 – 18h15 – DE LA PERSONNALITÉ DES BLATTES

DE LA PERSONNALITÉ DES BLATTES

En 2007, une équipe emmenée par José Halloy, réussissait à « piloter » le comportement de groupes de blattes en y introduisant un petit robot déguisé en blatte. Le robot-blatte pouvait entraîner le groupe à aller s’abriter dans tel ou tel abri expérimental. Cette recherche fructueuse montrait qu’un leader-blatte pouvait influencer le groupe. Elle faisait aussi l’hypothèse que toutes les blattes sont identiques quant au comportement, à l’image de petits automates. Or, ce n’est pas la réalité puisque dans la réalité, les blattes se décident pour l’un ou l’autre abri, menées par une blatte qui fait chaque fois office de leader.
C’est ici que la question se posa, résolue par la recherche de notre invité : ce rôle de leader est-il contingent (dû aux circonstances, aux interactions sociales), ou bien la leader-blatte est-elle stable, (douée de cette « personnalité » relativement à son groupe) ?
Isaac PLANAS et trois chercheurs dirigés par Jean-Louis Deneubourg publient dans The Proceedings of the Royal Society leur recherche consacrée aux blattes en tant qu’individus.
En les équipant de petits transpondeurs RFID, ils ont pu mesurer pour chaque blatte la durée d’indécision et le temps qu’elle passait dans les abris. Une analyse mathématique des données montre que les leader-blattes restent leader! Certaines blattes sont plus rapides à se décider que d’autres et entraînent ainsi leur groupe !
On voit que cette observation jette une lumière intéressante sur les mécanismes de l’évolution du groupe, reliée à un de ses individus. D’ailleurs, si on découpe deux groupes de blattes au comportement semblable en rassemblant les plus rapides d’un côté et les plus lentes de l’autre, on crée ainsi un groupe rapide et un groupe lent.
Notre émission détaille cette extraordinaire expérience qui change le paradigme des insectes-tous-semblables. Non : ils ont déjà, en germes, des ébauches de personnalité…
La recherche va se poursuivre du côté de la génétique : y a-t-il des différences génétiques qui pourraient expliquer ces différences marquées de comportements ? Affaire à suivre…

Invité : Isaac PLANAS, Doctorant à l’Unité d’écologie sociale de l’ULB